Vous savez bien, fish, chips, tasse de thé, bouffe dégueu, temps de merde, marie poppins de mes deux... Londres ! [Londres]

S'il a accepté de l'embarquer avec lui, c'est bien parce qu'il lui faut des bras pour rapporter la vache à deux têtes du musée Ripley. Il tente de se persuader qu'elle n'est pas là, tout près de lui, sur le siège passager de la vieille camionnette mais Green ne se fait pas oublier facilement. Elle a émit l'idée une fois, timidement, qu'il serait agréable qu'il l'appelle par son prénom. Il s'est marré brièvement et le débat était clôt. Plutôt crever que de laisser échapper un « Lolita » de sa foutue bouche. Parfaitement dégueulasse ce prénom. Il préfère se concentrer sur la route. Depuis que tous ces cons se sont évaporés, il adore conduire. Pas de feux, pas de flicaille, pas de bouchons et pas de pétasses en smart. La belle vie. Il roule à droite, il s'en fout. Si seulement l'autoradio pouvait fonctionner. Il s'écouterait Thorogood, trop fort bien sur, pour qu'avec un peu de chance, ça pète les tympans de Green. Il déboule sur Picadilly et tente de se repérer dans la ville plongée dans l'obscurité. Il ne sait pas pourquoi il a prit cette manie de sortir exclusivement la nuit. Lorsqu'il repère enfin le bâtiment, il s'arrête dans un crissement de pneu pile en plein milieu de boulevard. S'il avait osé un truc pareil un an plus tôt, il se serait fait traité de tous les noms par un bon paquet de connards. Il sort, s'allume une clope et laisse ses yeux s'habituer à la pénombre. Green l'imite, mais elle ferme sa portière à clé et c'est ce genre de réflexe à la con qui a le don de le foutre en rogne.
« T'as raison, des fois qu'une bande de skinheads trainerait dans le coin. »

Elle a le nez tout rougi. Là, par bonheur, il peut pas le voir, mais ça fait quelques jours qu'elle se traine un rhume carabiné. Preuve qu'au moins, il a pas raté son coup. Quand il lui a annoncé qu'elle allait immanquablement crever, au début il a pensé qu'elle se mettrait à chialer, comme à leur rencontre. En fait, elle s'est contentée de hocher la tête d'un air pensif et de lui redemander s'il avait pas une brosse à cheveux dans sa caravane par hasard. Elle est parfois surprenante, il peut pas le lui enlever. Mais elle a ce côté tâche qui la rend passablement infréquentable.
« Bon j'sais que maintenant qu'on est livrés à nous-même et qu'y'a plus ni foi ni loi, tu pourrais croire qu'on peut tout se permettre mais j'préfère te prévenir maintenant. C'est comme ça qu'on fait avec les gosses pas vrai ? On va rentrer dans un musée et il a beau avoir été probablement construit par des métrosexuels zoophiles, il n'en reste pas moins un musée. Alors ce sera silence total, et tu touches avec les yeux. J'veux dire, bordel, l'art c'est pas rien. T'as compris ou je la refais en finlandais ? »
Il attend même pas sa réponse et se retourne. En réalité, il s'en fout pas mal qu'elle se serve des têtes réduites jivaro pour agrandir sa taille de bonnet, ce qui compte, c'est qu'elle l'ouvre pas quand ça la chante. Il a horreur des piaillements. C'est pas qu'elle se tient mal, mais elle a tendance à poser trop de questions et ça lui pollue les neurones.
« Allez écarte-toi maintenant. »
Il s'engouffre dans la camionnette, recule pour prendre de l'élan et lance le véhicule, pied au plancher, en plein dans la vitrine avec le mammouth.

Lolita hallucine mais se tient parfaitement tranquille dans la voiture. C'était genre la première fois que Skylar accepte de la sortir sans la prévenir qu'il allait l'abandonner dans un coin sombre et ne jamais revenir. Cela étant établit, elle ne sait toujours pas si elle doit prendre cela comme un progrès éventuel de l'apprivoisement de son colocataire forcé, ou si c'était un piège. De toutes manière elle saura retourner a la caravane elle n'en doute pas un instant. Son regard s'égare un instant dans le nuit, elle observe et essaie de se souvenir de ce qu'était la ville avant. De vagues lumières, de l'agitation beaucoup de bruit, c'est tout ce qui lui revient pour le moment. Aujourd'hui tout est désert, la route est a eux. Enfin a Sky plus exactement, mais cette fois Lolita en profite. Tout ce vide cette désertion, cette impression d'être seule au monde amena sur ses lèvres une sorte de sourire un peu étrange, elle soupire, puis se tourne a nouveau pour observer le conducteur, tout en lui transpire le fait qu'il ne veut pas qu'il soit avec elle, mais elle s'en fout. Sa réflexion fut interrompue par une quinte de toux sauvage, elle sort de sa poche de jean un vieux paquet de mouchoir qu'elle a trouvé de manière plus ou moins douteuse, mais elle aime autant ne pas trop s'attarder dessus. Elle prend un mouchoir, se mouche, deux fois pour être précis. Une fois son nez libéré -pour un temps dérisoire il fallait l'avouer- elle range son paquet de mouchoir dans une poche arrière et son mouchoir usagé dans l'autre, bougeant un peu, frôlant le conducteur, qui émit un grognement prêt a mordre.

Elle passe donc le reste du trajet tranquille remettant a plus tard la question sur avoir éventuellement de la musique dans la voiture. Car précédant le grognement il y avait eut nouveau débat sur une éventualité d'un jour tenter d'acquérir une brosse a cheveux, qui avait été conclue par une menace de lâcher le chien sur elle. Chien qui a ce moment précis faisait la sieste mais cela n'était qu'un détail après tout. Elle s'était habitué a l'animal, malgré l'apparence répugnante de la bête, et son caractère particulier, la jeune femme s'était même un peu attachée à la bestiole. La voiture s'arrête interrompant les réflexions de la jeune femme sur le sujet. Aussitôt son compagnon sort, s'allume une clope. Elle tout ce qu'elle trouve a faire c'est de sortir et de fermer la portière a clé. Erreur fatale. « T'as raison, des fois qu'une bande de skinheads trainerait dans le coin. » la main encore sur la portière elle baisse les yeux et se mord nerveusement la lèvre inférieure, cherchant quelque chose a lui répondre. La fatigue du rhume lui handicapant la tête elle se contente de l'habituel "Désolée" Elle fait ensuite le tour de la voiture pour se mettre a ses cotés quand il reprend la parole. « Bon j'sais que maintenant qu'on est livrés à nous-même et qu'y'a plus ni foi ni loi, tu pourrais croire qu'on peut tout se permettre mais j'préfère te prévenir maintenant. C'est comme ça qu'on fait avec les gosses pas vrai ? On va rentrer dans un musée et il a beau avoir été probablement construit par des métrosexuels zoophiles, il n'en reste pas moins un musée. Alors ce sera silence total, et tu touches avec les yeux. J'veux dire, bordel, l'art c'est pas rien. T'as compris ou je la refais en finlandais ? » Elle cligne brièvement des yeux puis finalement répond presque malgré elle "Je ne comprends pas le finlandais..." cela dit elle n'est pas sure qu'il l'ait entendu déjà il se retourne pour aller a la voiture. Machinalement elle allait reprendre sa place de même mais il lui demanda de s'écarter. Sans plus poser de question c'est ce qu'elle fait.

Elle commence alors a vaguement se poser des questions sur ce qu'il va faire, d'autant plus quand elle le voit reculer. Quand il met le pied au plancher elle comprend, et ses yeux s'écarquillent et sa bouche s'ouvre grand de stupeur. On aurait put croire qu'elle se mettrait à crier mais non elle reste juste muette de stupeur, terreur. Très vite un scénario se passe dans sa tête de vitres brisées, camionnette hors de service et... Elle n'ose pas aller plus loin dans cette pensée parce que sans qu'elle ne le contrôle vraiment un hurlement sortait du fond de ses tripes. Un simple "STOP!!!" Elle doutait qu'il l'ait entendu, ou y ait fait attention, elle se bouche alors les oreilles et ferme fort les yeux attendant le résultat de cette action d'éclat de Mister Caulfield.

Il plisse les yeux avant l'impact, s'attendant à tout moment à rencontrer une résistance sans appel, du genre qui l'enverrait directement frayer avec Belzébuth et consorts. Mais non. Un gros fracas, un bruit de verre brisé et le cri strident de son acolyte. Le temps de reprendre ses esprits et il sort de la camionnette. Il a foutu un beau bordel. Ca l'emmerde un peu d'avoir estropié le mammouth mais c'est pour la bonne cause après tout. Il se tourne vers Green qui flippe littéralement et se protège encore le visage avec ses bras. Il soupire et lui fait signe de rappliquer.
« Tu veux pas qu'on rejoigne un abri atomique non plus ? Allez, depêche-toi, on sera pas trop de deux pour ramener cette pétasse à la maison. »

Il tique un peu. « A la maison », genre. Elle s'incruste depuis si longtemps qu'il a parfois tendance à oublier que la situation est heureusement provisoire. A l'intérieur, c'est plus que sombre et Skylar regrette presque de ne pas s'être pointé plus tôt. Ca va être double challenge pour retrouver la vache. Surtout qu'il doute pouvoir s'appuyer sur l'esprit d'intuition de sa chère collègue. Il dépasse la boutique de souvenirs avec les brosses à cheveux en forme de ptérodactyles et les foetus de lama en gelée. Au fond du vaste hall, il distingue enfin à la lueur de son zippo deux grands escaliers. Aile gauche. Aile Droite. Deux ailes quoi. Comme un putain d'oiseau préhistorique.
« Allez on prend un côté chacun. Vu que j'suis un gentleman, j'te laisse le choix. Madame préfère t-elle bouger son p'tit cul de ce côté, ou de ce côté ? »
Elle semble hésiter ça le fait profondément chier parce qu'en réalité, merde, y'a pas à hésiter. C'est pas comme si sa foutue vie en dépendait. Il décide de prendre l'escalier de droite pour clore le débat mais une sensation désagréable s'empare de lui. Comme un présence. Comme si elle avait décidé de le suivre. Il se retourne, lentement et la menace est à peine déguisée.
« Hum. C'est pas grave, j'imagine que c'est ton cerveau lent (ahahah ndlr) qui t'inflige ça. Quand je dis "on prend un côté chacun" baby, ça veut dire, en fait ... QU'ON PREND UN COTE CHACUN BORDEL DE DIEU ! »
Elle prend un air penaud, mais elle ne bouge pas d'un millimètre. Elle l'oblige à lui crier dessus et c'est pas son genre de crier sur les filles. Il la déteste pour ça. A moins que ça vienne du virus. Il en sait rien et il s'en fout. Qu'elle le suive, même si d'un point de vue stratégique, ça équivaut à être à douze pour faire des pâtes.

Russel écoutait, caressant frénétiquement le métal froid de ses dix doigts. Les cernes qui soulignaient ses yeux injectés de sang prouvait que la fièvre avait eu raison de sa santé morale. Cela faisait trois jours qu'il n'avait pas dormi. La journée, il errait. La nuit, il restait tapi dans un coin et attendait, la respiration erratique et soufflante. La nuit, c'était le pire. La nuit, ils se réveillaient. Les bêtes. Toutes. Elles sortaient de leurs vitrines en un bruit assourdissant de verre cassé et cherchait à le tuer. Alors, il devait se défendre. Il devait. C'était une question de vie ou de mort.
Le signal. Russel sursauta. Elles arrivaient. Ça y est. Silencieusement, il se remit debout, serrant ses doigts fébriles sur son fusil à pompe tandis que ses lèvres gercées s'arquaient en un sourire halluciné. Il était prêt. Doucement, il se mit en route. En direction du vacarme. Oui. Il les aurait. Il les aurait en premier..

A sa plus grande horreur elle ne loupe rien de l'impact. son cri sort tout seul de sa gorge jamais de sa vie elle n'avait élevé la voix si fort même quand sa soeur lui faisait les pires crasses. Non Lolita était jusqu'ici la modestie et la discrétion même. Seulement jusqu'a aujourd'hui elle n'avait jamais eut peur a ce point là. Les bris de glace la transperçaient de toutes parts, glaçant son sang au plus profond. Quelques secondes de silence que la jeune femme porte sur ses frêles épaules, sentant qu'elle pourrait s'écrouler a tout moment. Finalement elle pense entendre une portière claquer. Impossible elle sombre dans la folie. Elle entend ensuite la voix de Skylar, alors doucement elle elle retire ses bras de ses oreilles, ouvre les yeux. Elle n'y croit pas tout de suite. Puis au bout de quelques secondes elle comprend que non ce n'est pas une hallucination. Son envie première fut de courir immédiatement, pour frapper/sauter sur Sky voir les deux. Mais quelque chose la retient. Elle se contente de souffler, réprimant un soupir et un remerciement a un Dieu auquel elle ne croit plus depuis des années. Doucement, maladroitement elle se remet en marche vers lui. A ses cotés elle jette un coup d'oeil discret a la camionnette, pour se convaincre que c'est vrai, que ce n'est pas un simple fantôme et que le cadavre n'est pas sanglant devant le volant. Ce n'est pas le cas. Nouveau remerciement réprimé. Un instant elle se demande ce qui lui prend, Lolita Green n'est pas du genre a s'attacher aux gens normalement. Mais sans lui elle n'a plus d'abri, plus de quoi manger elle est perdue. Un étourdissement la prend elle le met sur le compte de la maladie.

Sans lui laisser plus le temps de se remettre de ses émotions Skylar se remet en marche, aussitôt elle le suit, bien déterminée a ne plus le lâcher d'une semelle. L'intérieur est si sombre qu'elle manque plusieurs fois de se ramasser, mais se rattrape assez vite et discrètement. Ses yeux s'habituent a l'obscurité, elle observe alors les alentours, passant devant la boutique de souvenir. Quelque chose attire son attention. Elle hésite une seconde, puis finalement fait un léger détour vers la boutique. Elle trouve les brosses a cheveux dinosaure et manque de pousser un cri de joie. Au lieu de cela un très léger sourire se dessine sur ces lèvres, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Elle hésite, son éducation ne cautionne pas le vol. Mais dans la situation actuelle... Quelques secondes passe puis finalement la blonde regarde les alentours et s'empare d'une des brosses qu'elle glisse dans son pantalon au niveau de sa hanche droite. Et pour la première fois de sa vie une pensée lui traverse l'esprit. *Et puis merde* Avant qu'elle n'eut réalisé ce qu'elle faisait elle en avait embarqué une seconde sur sa hanche gauche. Caulf était joueur après tout. Elle accélère le pas pour retrouver Sky au plus vite devant une intersection. Il lui laisse le choix sur la voie mais l'oblige a se séparer de lui. Elle hésite. Oh bien entendu si elle avait eut la certitude qu'il ne l'abandonnerait pas, ou qu'il ne referait pas quelque chose de suicidaire comme ce qu'il avait fait avec la camionnette elle n'aurait pas hésité et aurait tout simplement prit un chemin au hasard. Simplement prendre un chemin au hasard. Il s'impatiente et elle s'en veut de cela. Finalement de libre arbitre il choisit un chemin au hasard. Prise d'un léger remord elle essaie de s'engager dans l'autre, mais la même terreur que précédemment la prend. C'est dans les tripes et cela la rend malade. Elle réprime une nausée et s'empresse de suivre l'homme, presque malgré elle.

Bien entendu il ne tarde pas a s'en rendre compte. Quand il se tourne vers elle la menace qu'il dégage la terrorise littéralement. Quand il prend la parole ce n'est pas mieux. Elle se mord la lèvre inférieure pour ne pas pleurer. Parce que cela aurait servit a rien, et que cela n'aurait pas arrangé l'état de Caulfield. Elle mord juste plus fort. Quand cela se finit en hurlement elle sent une sorte de gout métallique dans la bouche, elle s'en fout. "S'il te plait" un souffle un simple murmure elle n'est même pas sure qu'il l'ait entendu elle n'est a vrai dire même pas sure de l'avoir prononcé. Son vertige s'amplifie mais elles'en fout toujours. Finalement il va pour reprendre son chemin quand il lui sembla entendre quelque chose. Elle se tourne et cherche du regard. Elle ne voit quasiment rien, et certainement pas quelque chose d'anormal. Elle n'était pas dans son état normal, ses émotions devaient la faire halluciner elle devenait paranoïaque surement. Skylar avait raison, elle était décidément trop conventionnelle. Alors elle lui enchaîne le pas vers ce qui avec un peu de chance allait être le chemin vers la vache a deux têtes. Dans un certain sens elle espère que ce sera le cas. Une nouvelle intuition stupide la fait se tourner une autre fois avant de partir. Non vraiment elle devient folle a priori.

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