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 Stop look it out for someone else when you're here inside, there’s no reason-

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AuteurMessage
Winifred Wentworth

Winifred Wentworth


Messages : 1
Âge du personnage : 25 ans
Ville d'origine : Wrexham

Stop look it out for someone else when you're here inside, there’s no reason- Empty
MessageSujet: Stop look it out for someone else when you're here inside, there’s no reason-   Stop look it out for someone else when you're here inside, there’s no reason- Icon_minitimeJeu 22 Déc - 16:54

    WENTWORTH Winifred
    La plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d'un grand effort que d'une longue persévérance.
    La Bruyère

    Le chat ronronna sous le drap. Rien ne l’autorisait à faire ce qu’elle allait faire. Rien ne l’en empêchait. Tout l’y poussait. Perdre son temps en essayant de peser le pour et le contre ne faisait qu’empirer la chose en la rendant plus réelle. Alors elle inspira une bonne fois pour toute et fit un nœud au drap. Elle l’attrapa sous son bras, serra un peu, pas trop fort et, pour le faire honorablement, ferma les yeux. Sous son épaule le frêle animal se débattait, ses griffes transperçaient le tissu mais elle ne disait rien, ne râlait pas. Après tout, il avait la dignité de se battre contre son destin. Plus tard, le drap ne bougea plus. Ravalant sa salive et la bile qui lui étaient montée aux lèvres, elle traîna le drap jusqu’au balcon étroit et le jeta dans le vide. Ça, c’était fait. Sur le divan était posé un sac de voyage en Nylon. Elle y avait mis une tenue de rechange, un stylo Bic, des lingettes désinfectantes, une brosse à dent, deux bouteilles d’eau d’un litre, quatre paquets de biscuits, la monnaie qu’elle avait trouvée en fouillant toutes les poches de tous les jeans qui traînaient dans l’appartement, une poignée de sous-vêtements, des tampons, un cahier de brouillon déjà utilisé qu’elle avait trouvé dans les affaires du fils des voisins de palier et son courage. Elle jeta un coup d’œil nerveux à la fenêtre, et se rappela qu’elle n’avait pas eu le choix. Il serait mort avant qu’un mois ne se serait écoulé.

    Elle se dit en regardant son sac brun comme l’eau qui s’écoulait du robinet qu’il ferait froid, dehors. Elle se dit en regardant les nuages s’accumuler dans le ciel qu’elle avait besoin d’un autre pull. Elle chercha quelques secondes sur le matelas posé dans le coin de la pièce et trouva Son pull, suffisamment large pour y faire passer deux hommes. Parfait, elle pourrait s’y enrouler deux fois. Sous le pull, son sac à main. Comme prise de nostalgie, elle en sortit un paquet de tabac, ses filtres et le papier à rouler, qui furent jetés dans le sac. Ensuite ce fut le tour de son trousseau de clefs, un briquet, un paquet de chewing-gum à moitié vide. Le paquet de chewing-gum, elle le jeta à la poubelle. Il était possible qu’Il y ait touché. Dans sa besace, il y avait sa petite pochette en plastique bleue qui contenait tous ses papiers : carte d’identité, carte de fidélité d’une librairie, du loueur de dvd, d’un magasin d’électroménager, d’un supermarché, cartes de fidélité du monde et qu’elle n’était pas foutue d’avoir quand elle sortait. Winifred Wentworth de Wrexham, du Pays de Galles. C’était là une chouette blague de papa, timbré des signes qu’il pouvait trouver dans son entourage. Regarde Freddy, il reste deux places à cette séance, c’est un signe ! Ce garçon, il ne s’appellerait pas Wyatt ? Il est mignon non ? Vous feriez un beau couple, je trouve. Il disait aussi souvent qu’il fallait pardonner Maman de ne pas être là, mais qu’elle ne pouvait pas assumer sa carrière de styliste qui s’envolait et un bébé et un mari. Qu’elle avait choisi la facilité, parce qu’elle avait eue une enfance difficile, etc. Winifred tira la fermeture éclair en un geste rageur. Sa mère avait reparu alors qu’elle avait dix-sept ans et sa brillante carrière n’avait en fait été qu’un homme du nom de Johnny qui lui avait promis monts et merveilles avant de partir en la laissant avec les dettes d’un triplex à Manhattan et de ses heures passées « au golf », même si en réalité, cela se résumait plutôt à une paire de silicone ou une quinte flush qui n’arrivait jamais mais « je vais me refaire, je le sens ». Évidemment, Papa la reçut la larme à l’œil et le cœur battant, il n’avait jamais cessé de l’aimer. C’était un autre signe, qu’elle revienne. Seulement, quand il retrouva une Femme De Sa Vie, il en perdit à nouveau une autre. Winifred quitta son père et emménagea coup par coup chez une amie, chez un petit-ami, chez une camarade classe. Elle ne se souvenait plus comment elle avait atterrit dans cette porcherie. Elle appartenait à ce type sans nom qu’elle ne connaissait pas vraiment. Ted, Teddy, peut-être même que son prénom ne commençait pas du tout par un T. Elle était là depuis une semaine, calfeutrée car psychotique. Teddy était sorti lui, et maintenant, il reniflait comme un chien aux quatre coins de l’appartement. Elle avait attendu qu’il parte « au ravitaillement », comme il disait, pour faire ses affaires et dégager. Il ne fallait pas qu’elle reste plus longtemps. La famille qui vivait à côté avait perdu un gosse, et ensuite il avait fuit. Quand elle avait fouillé dans les placards pour trouver de quoi bouffer, elle avait deviné que derrière la porte, de cette chambre minuscule dans ce taudis, que c’était derrière ce bout de bois que gisait le pauvre gosse. Elle se laissa vomir dans l’évier constellé de merdes et sortit de l’appartement en titubant.

    Winifred crocheta la bandoulière du sac de voyage à son épaule et se laissa quelques secondes pour s’habituer au poids. Elle s’approcha de la porte, l’épaule droite un peu trop penchée vers le sol et crut entendre les escaliers grincer. Merde. Merde merde merde. Seulement, personne n’arrivait et elle s’appuya contre la porte d’entrée. Sur le côté, un cendrier plein dans lequel se trouvait sa paire de lunettes de marque, celles qu’elle avait payé si chères, quelques mois avant que les Infectés ne pourrissent sa vie et la leur. Aujourd’hui, tout le monde s’en foutait que ces lunettes puissent avoir été portées par telle célébrité ou être en couverture de tel magazine. Nostalgique, elle s’en empara, rageant contre elle-même de préférer emporter cette putain de paire solaire plutôt que de farfouiller dans le bordel pour en sortir un imperméable. Elle attrapa les clefs de Ted ou Teddy dans la poche de son jeans et referma délicatement la porte derrière elle. Elle se disait, je descends cette marche et Il n’arrivera pas. Encore des signes. Elle avait volé dans l’appartement de la famille au môme macchabé une paire de moufles et un bonnet spider-man. Elle enfonça le bonnet sur ses oreilles alors qu’elle sortait de l’immeuble. Sa voiture attendait juste devant. Une Ford Orion qui lui avait coûté deux fois sa paire de solaire. Une arnaque, mais une arnaque qui roulait quand même. Elle n’avait même pas pris la peine de la cacher, elle n’avait plus aucune valeur, et comme personne ne l’avait volée, c’est que tout le monde devait croire qu’elle n’était qu’un tas de rouille. Ils n’auraient pas tort. Elle avait rajouté la clef de l’Orion sur le trousseau de Teddy ou Ted, elle retira celle de l’appartement, elle n’en aurait pas besoin. Comme un adieu, elle la posa sur le trottoir, et la shoota un peu plus loin. Hasta la vista. Il y avait la clef de la carcasse blanche, et un putain de porte-clefs des Crusaders.

    Derrière le pare-brise, Winifred soupira. Dans le coffre, un bidon d’essence à moitié plein. Sur le siège passager, son sac en Nylon, étanchéité assurée, qualité mille fois prouvée. Winifred n’avait jamais su où allait. Elle n’avait pas de chez-elle, pas de famille chez qui s’imposer, plus d’amis. Au lycée, elle était cette fille populaire malgré elle, la petite venue de la banlieue pauvre mais que l’élite insère à leur table parce qu’elle est plus mignonne que cette pauvre-ci. Ce n’étaient pas des amis fidèles, qu’on garde pour toute la vie. Aussitôt son diplôme de fin d’étude en poche, elle fut hébergée par une vieille femme pour qui elle faisait les courses et eut une année de répit. Elle entra même dans une fac minable, étudia la littérature et le français, avant que la vieille femme ne meure et que ses héritiers ne fichent Winifred à la porte. La suite, vous la connaissez, le Fléau, les Infectés, la psychose. Winifred enchaîna les petits boulots miteux, squatta au gré de ses relations, n’était pas malheureuse, pas plus qu’elle n’était heureuse. C’était la vie. Juste ça. Elle tourna la clef, le niveau d’huile clignotait, comme toujours depuis que Winifred avait l’Orion en sa possession. Dans la poche de son manteau, un papier cartonné plié en quatre et un chewing-gum déjà mâchonné collé entre les pliures. C’était la dernière carte de son père (et de sa mère…). « bon annivErsaire ma Chair et mOn coeur, fini les treSSEs, à ton âge, on n’en fait plus. Je t’aime. » Encore un de ses putains de signes. Écosse. L’Écosse. Winifred savait que son père, cet optimiste, se rendait à Aberdeen, là où les quelques hommes encore sains croyaient être caché le Graal, le vaccin qui les sauverait tous, amen. C’était là-bas que Winifred se rendrait, et avec un peu de chance, Maman aurait été infectée et ils ne resteraient qu’eux deux, Papa et Freddy. Elle fit ronronner le moteur. C’était comme si elle se jetait dans le vide.
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