Daddy, je veux un poney !

CHASE Corina “ On reconnaît la valeur d'une femme à la marque de sa robe”

- Daddy … Daddy ! DADDY ! Droite, supérieure dans toute sa stature, Corina se tenait sur les escaliers aux rebords dorés et couverts d'un tapis rouge qui se situait dans l'entrée du manoir Chase . Elle était prête à partir pour sa séance shopping , lunettes D&G et dernier sac Dior importé de France, cheveux bien lissés jupe courte et talons hauts, elle était prête . - DADDY LE JET VA PARTIR SANS NOUS ET IL EST HORS DE QUESTION QUE JE M'ACHETE DES HABITS DANS UN MAGASIN DE SOUS-ZONE PUANT LE PAUVRE ! C'était comme ça depuis toujours . L'histoire basique d'une petite fille pourrie gâtée à qui son père, trop occupé au travail, avait compensé en offrant tout ce qu'elle désirait . C'est ainsi que, au moins deux fois par semaine, elle embarquait pour les luxueuses boutiques français en quête du nouvel habit à la mode qui la rendrait encore plus désirable . Impatiente, elle tapa du pied plusieurs fois et, n'ayant aucune réponse, elle décida de hurler encore plus fort pour se faire entendre . - Tom, venez ici ! Daddy n'est toujours pas sortir de son entretien avec cet homme bizarre et il faut que je m'achète un nouveau tailleur, allez voir ce qu'il fait ! Lorsqu'elle finit d'intimer l'ordre au domestique, son père sortir de son bureau l'air effondré . Avant que sa fille ait pu s'indigner de l'attente qui lui avait fait subir il se lança dans un flot infini d'explications et de justifications, comme si il voulait s'excuser à l'avance pour quelque chose qu'il allait faire . Il révéla à sa fille l'information suivante : une nouvelle maladie était entrain de décimer tous les humais . Elle durait depuis plusieurs temps déjà, ça allait en s'aggravant, et c'était sans doute la maladie qui touchait sa belle-mère . Cette dernière était restait isolée dans une sorte de chambre stérilisée depuis quelques temps, Corina qui se moquant bien de tout ce qui ne la touchait pas n'avait pas pris la peine de vérifier pourquoi . Son père, dont la voix se brisa à cette annonce, raconta à sa fille qu'il était lui aussi sans nul doute contaminé . Cette dernière ne risquait pas de l'être étant donné qu'elle n'avait pas quittée l'aile du manoir qui était sienne et que son père avait passé son temps auprès de sa femme . Sa dite fille remarqua alors que son père s'était tenu très éloigné d'elle, sans doute pour ne pas la contaminer . Elle fut choquée certes, déconcertée aussi sans doute, mais moins affectée que la plupart des gens . Son père allait mourir, mais après tout elle ne le connaissait que pour lui payer de nouvelles tenues, et aussi monstrueux que ça l'aurait été pour le bon peuple, sa future mort ne l'attristait pas tant que ça . L'égoïsme régissait sa vie . A cet instant, au lieu de se jeter sur son père, épleurée, pour le soutenir , elle fit appeler Regis, son domestique-amant qui était resté avec elle pendant les dernières semaines et lui ordonna de préparer ses affaires . - Nous partons Regis, mettez tous mes habits dans des valises, autant qu'il en faudra, faites attentions à mes chaussures et embarquez le tout dans la limousine du garage est . Pressez je vous prie, moins nous nous attarderons mieux ce sera . Son père, qui se souciait aussi peu de sa fille que d'elle de son état, ne demanda rien d'autre et voulu même remercier sa fille pour le laisser ainsi finir sa vie avec celle qui l'aimait mais brisé plus par la peur de son état que par celui de Corina, il partir sans la regarder .


S'étant retirée dans ses appartements, l'héritière beuglait des ordres aux domestiques s'affairant à ranger ses affaires . Il fallait tout leur dire . Un impertinent avait jeté son Channel numéro 5 comme s'il s'agissait d'un vulgaire parfum pour classe moyenne . Quelle honte ! Elle l'avait sur le pas renvoyé, il fallait se montrer ferme, surtout en ces temps . Se tournant vers son portefeuille, elle récupéra sa carte de crédit qu'elle mit sans sa poche et son attention s'arrêta sur son ancienne carte d'abonnement au conservatoire : Corina Chase, 21 ans, née à Londres, danseuse . Le dernier mot fit remonter en elle une bouffée de souvenir : sa plus petite enfance, lorsque son père n'était pas encore un businessman trop occupée et que sa mère n'était pas partie . A cette époque, ses parents avaient insisté pour qu'elle devienne danseuse et l'avaient inscrite au conservatoire . Corina n'aimait pas spécialement danser, elle préférait mépriser les gens et faire les magasins, mais dernier souvenir d'une époque de bonheur révolu, elle avait continuait la danse avec hargne et au fil du temps, c'était devenu une sorte de défouloir plus qu'une torture ou un devoir . Se demanda un instant si sa fuite la mènerait à destination, prise par le doute, elle saisit ses chaussons de danse et les mis dans son sac à main, comme si elle pouvait, en les emmenant, emmener le temps qu'elle aimait tant .

Les affaires étaient prêtes . Les trois valets qu'elle avait fait appelé portaient chacun 4 valises contenant exclusivement habits, chaussures et affaires de toilettes . Il fallait n'emporter que le strict nécessaire . Ils descendirent tous en direction du garage est, et une fois la porte franchie, l'héritière sorti son lourd porte-clés . C'était un anneau en fourrure rose bonbon, entouré par des dizaines de clés ouvrant différentes portes, voitures, ou coffres de la maison . Il y avait aussi une sorte de petit chien-âne, on n'aurait su dire, que sa mère lui avait offert peu de temps avant son départ définitif . A chaque fois qu'elle le voyait, un sentiment de tristesse et de rage montait en Corina . Certes sa mère lui manquait énormément, mais elle était partie, l'abandonnant, et c'était quelque chose qui la révulsait . Elle gardait ce souvenir attaché pour se rappeler qu'on ne pouvait faire confiance à personne, excepté à soi et, éventuellement, aux gens riches . Après avoir trouvée la bonne clé, elle la fit tourner deux fois dans la serrure et scella par là son ancienne vie, sans forcément le comprendre . Elle rejoignit sans plus tarder ses domestiques dans la grande limousine aux vitres teintées ; ils avaient déjà embarqué les valises et pris place dans la voiture . Regis lui ouvrit la porte et elle s'installa à l'arrière de la luxueuse voiture, seule, alors que les trois valets étaient du côté conducteur . Ouvrant la vitre de séparation elle leur indiqua qu'ils quittaient Oxford en direction de Birmingham, pour séjourner quelques temps dans la villa qu'ils y avaient . Les hommes acquiescèrent et l'héritière ferma la vitre pour se retrouver au calme .


Ils roulèrent assez longtemps, tandis qu'un tas de questions assaillaient Corina . Comment sa vie allait être orientée maintenant ? Pour son futur, elle s'était vu danseuse, mais très vite, elle s'était plus vu héritière : question de travail à fournir . Mais maintenant que c'était fini, pourrait-elle au moins danser dans le nouveau monde qui se préparait ? Pour l'instant de plus importants projets devaient être menés à bien : il y avait, dans la villa des Chase à Birmingham, un jet privé que l'héritière comptait prendre pour pouvoir enfin aller faire son shopping à Paris . Parce que fin du monde ou pas, il fallait rester belle et chic, pas question de porter les mêmes habits deux jours d'affilés ! Alors en attendant de savoir comment s'organiserait sa vie dans l'apocalypse, il fallait penser au plus urgent et acheter ce petit tailleur qu'elle avait vu sur le catalogue Dior . Déterminée, elle fut secouée sèchement par l'arrêt brusque de la voiture . Qu'est-ce que c'était cette histoire ? Elle sortit pour voir de quoi il en retournait et tomba nez à nez avec une sorte de grosse mare de boue perdue au milieu de la cambrousse . Se pinçant le nez, elle s'écria à la vue des ses domestiques : - MAIS BON SANG NOUS NE SOMMES MÊME PAS A BIRMINGHAM DEPÊCHEZ-VOUS DE FAIRE REDEMARREZ LA VOITURE QU'ELLE QUE SOIT LA CAUSE DE CET ARRÊT ! Mais contrairement à ce qu'elle attendait, les trois hommes se rapprochèrent d'elle et lui expliquèrent qu'en fait, étant donné que c'était la fin du monde, qu'elle n'avait plus d'argent et qu'ils la haïssaient, ils ne voyaient vraiment pas pourquoi ils continueraient de céder à tous ses caprices de divas . Choquée, Corina resta bouche bée et ne put rien dire , tandis que les mutins continuaient de parler . Il était question de retourner dans leur famille, mais qu'ils pouvaient, si elle le demandait poliment, la conduire jusqu'à Birmingham . Enragée à présent et ne se doutant pas des conséquences de son geste, l'héritière hurla qu'il était hors de question de se laisser mener par des pouilleux, qu'elle leur était trop supérieure pour s'incliner et qu'ils allaient l'emmener de ce pas sans broncher ou elle se chargerait d'eux ! Il n'en fallut pas plus pour mettre le feu aux poudres des trois hommes qui,avec un grand sourire, la portèrent tous les trois et après s'être approchée de l'étang de boue, l'y jetèrent . Un tas de sentiments se battèrent en cet instant à l'intérieur de l'héritière . Elle tenta de se relever tant bien que mal, tandis que ses talons s'enfonçaient dans la mare et qu'elle était aveuglée par la boue . Elle entendit la voiture partir et pensa à toutes ses affaires qui paraient avec . Elle réussit à se sortir en rampant de la mare mais n'eût pas la force de se relever . Elle se tourna sur le dos, chaque parcelle de son corps recouverte de boue, et, en cet instant où tout les gens normalement constitués penseraient à leur survie, elle ne put que se demander si la boue partait au lavage .

Tu es validée, mais on a pas de poney par contre.

Carl va en chier sa mère !!