what ever happened ▬ Dashwood.

Je me suis cassé du travail après avoir jeté un dernier bout de papier, format A4. Ça commençait à m'emmerder cette histoire. Sérieusement. Will me pétait les couilles avec son petit frère, c'était devenu la même chose depuis plusieurs semaines. Je l'ai pas prise au sérieux, c'était un pauvre malheureux rhume de rien du tout, et personne n'en avait rien à branler. J'aimais bien Peter. C'était un môme chouette, alors ça m'a foutu mal quand il s'est fait hospitaliser. Au début, on pensait réellement que ça allait s'arranger, et qu'il fallait pas s'inquiéter plus que ça. C'était un peu comme la grippe H1N1 en 2009, beaucoup de bruit pour rien. Moi, j'ai continué à me préoccuper de mes planches sur lesquelles je m'éclatais après avoir acheté un nouveau portable. J'dessinais à cette époque, et j'avais comme projet de sortir une nouvelle bande dessinée. Comment elle s'appelait ? Elle s'appelait pas. Les muses avaient résiliées leur putains d'abonnement. Je touchais le papier avec la mine d'un crayon, et l'inspiration s'amusait à s'évaporer. J'avais beaucoup d'idées, trop peut-être, mais je ne parvenais à en reproduire aucune. C'était ça, le problème. J'étais un pauvre dessinateur sans imagination, l'esprit comme un bordel coloré. Comme j'étais un pauvre mec, j'ai hérité d'un caractère pourri et d'une tendance défaitiste poussée à l'extrême. J'ai songé au cocktail plusieurs fois depuis que cette histoire a commencé, en me rappelant chaque fois que j'étais sur le point de me décider que j'devais pas louper mon objectif. C'est clair, j'ai flippé à mort quand on a vu jusqu'où ça allait. Will s'était barrée, parce qu'elle pouvait pas laisser Peter tout seul, et moi je voulais pas avoir le môme près de moi. Alors elle a prit la bagnole, vous savez, celle qui aurait pu me permettre de me tirer moi. Ma caisse, celle que j'avais acheté pour ma propre personne. C'était comme dans les films de Romero, le cannibalisme et la grosse fringale en moins. Et puis les malades étaient pas encore tout à fait morts. Mais la ville s'est dépeuplée, de jour en jour, les rues étaient bloquées, les gens hurlaient, pleuraient, suppliaient, priaient.